Il y a, dans la plupart des sujets que nous présentent les Écritures, deux aspects différents qu’il est nécessaire de distinguer nettement, si nous voulons éviter de nous laisser égarer par les ruses de l’adversaire. Le premier, c’est le côté de Dieu, le second, celui de notre propre responsabilité.
1
Danger d’oublier notre responsabilité, au profit de nos bénédictions
Nous nous arrêtons volontiers sur le côté de Dieu. Traversant un monde hostile, nous aimons nous rappeler que nous sommes entre les mains de Celui qui est puissant et qui nous aime jusqu’à la fin ; peut-être avons-nous le sentiment que notre marche laisse parfois à désirer, mais nous nous répétons aussitôt que notre Dieu est un Dieu de grâce, qui nous a supportés jusqu’ici et nous supportera jusqu’au terme du voyage. Tout cela tranquillise très vite notre conscience et nous allons ainsi avec quelque insouciance, nous préoccupant souvent bien peu de ce qui a trait à notre responsabilité. Nous voudrions jouir des privilèges chrétiens en laissant dans l’ombre ce qui concerne notre responsabilité quant à la marche, oubliant que nous ne pourrons vraiment jouir de nos privilèges que dans la mesure où nous ferons face à notre responsabilité. Nous aimons parler, ou entendre parler, de ce que Dieu a fait pour nous, de nos bénédictions, du retour du Seigneur et de la félicité céleste, cela réjouit nos cœurs. Mais nous nous lassons vite d’entendre les exhortations et les enseignements de la Parole relatifs à notre responsabilité. Lorsqu’elle nous est présentée, l’ennemi vient nous souffler à l’oreille : Dieu est bon, plein de grâce et miséricordieux, il faut compter sur Lui ! N’accomplirait-Il pas ses promesses ? — Comme notre adversaire est rusé, comme il sait bien se déguiser en ange de lumière et ses ministres en ministres de justice (2 Cor. 11:14 et 15). C’est lui qui exalterait les caractères de Dieu et nous engagerait à nous confier en Lui ! — N’agissait-il pas de la même manière, lors de la tentation du Seigneur Jésus au désert ? Pour essayer de faire broncher l’homme parfait, il Lui présente le côté de Dieu : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet, et ils te porteront sur leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre une pierre » (Matt. 4:6). C’était dire : obéis-moi, tu peux compter sur Dieu qui te gardera certainement, car Il l’a promis. L’ennemi ne vient-il pas souvent nous tenter, essayant de nous engager sur un chemin de désobéissance à la volonté de Dieu, nous disant : tu es un enfant de Dieu ; Dieu te garde, par conséquent ; tu n’as à te préoccuper de rien, ce serait douter de sa puissance ? Ne nous arrive-t-il pas, hélas ! d’écouter la voix de l’adversaire, de nous laisser séduire, allant même peut-être jusqu’à croire que nous vivons par la foi parce que nous pensons que la puissance de Dieu nous gardera dans un chemin d’indépendance ? — Satan a présenté au Seigneur le côté de Dieu, la puissance de Celui qui a fait des promesses à Christ, second homme (Ps. 91), mais l’homme parfait ne peut pas perdre de vue le côté de la responsabilité et Il répond : « Il est encore écrit : Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu » (Matt. 4:7). Quel enseignement et quel exemple pour nous !
Ces deux aspects différents, côté de Dieu et côté de notre responsabilité, nous sont très fréquemment présentés dans la Parole. Évitons de n’en considérer qu’un des deux ou de les mêler l’un à l’autre, si nous voulons marcher fidèlement. Ce serait les confondre que de dire à un croyant en mauvais état, engagé dans un chemin où il manque gravement à sa responsabilité : Dieu a promis : « Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point » (Héb. 13:5) ; par conséquent, allez sans crainte ; si vous rencontrez des obstacles, si le chemin est fermé avec une clôture ou avec des épines (cf. Osée 2:6), qu’importe, Dieu est puissant ! — Ce croyant serait ainsi conduit à persévérer dans un chemin qu’il devrait, au contraire, abandonner au plus tôt !
Soit pour ce qui concerne le salut, soit pour ce qui concerne la marche, la Parole nous présente les deux côtés nettement distincts (Éph. 2:8 ; 1 Pierre 1:5).
2
Responsabilité quant au salut
Pour le salut, l’apôtre écrit : « Vous êtes sauvés par la grâce, par la foi » (Éph. 2:8). Sauvés par la grâce, c’est le côté de Dieu. Mais chacun est responsable de croire ce que Dieu dit dans sa Parole, ce qu’Il a fait par l’œuvre de Christ ; tout cela est présenté à la foi. De sorte que tout homme est responsable devant Dieu et celui qui refuse de croire ne peut être sauvé. On voudrait souvent laisser de côté la responsabilité de l’homme et l’on affirme que Dieu étant un Dieu de grâce, tous les hommes seront sauvés... L’ennemi développe les raisonnements les plus subtils ; il dira par exemple : Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés » (1 Tim. 2:4) et Il est souverain : « Tout ce qu’Il lui a plu de faire, l’Éternel l’a fait... » (Ps. 135:6) ; par conséquent, nul ne sera perdu ! — c’est ainsi que Satan endort les consciences ; avec ruse, il se sert de la Parole, présentant le côté de Dieu et laissant entièrement dans l’ombre celui de la responsabilité.
3
Responsabilité quant à la marche — 1 Pierre 1:5
De même pour ce qui concerne la marche. « Vous qui êtes gardés par la puissance de Dieu, par la foi » (1 Pierre 1:5). Pour le salut, le côté de Dieu c’est la grâce ; pour la marche, c’est la puissance. Dans un cas comme dans l’autre, le côté de notre responsabilité c’est la foi. — Dieu est puissant pour nous garder sans que nous bronchions, au milieu d’un monde où les dangers sont si nombreux. S’arrêter à sa seule puissance, quelque grande qu’elle soit, et penser que nous pouvons marcher sans trop nous préoccuper de notre responsabilité, serait une grave erreur et nous conduirait à de tristes expériences.
3.1
Pierre marchant sur les eaux
Bien des expressions, employées par les apôtres dans les épîtres, s’éclairent si nous considérons les circonstances par lesquelles ils sont passés. Pour comprendre le sens de 1 Pierre 1:5, il faut lire Matt. 14:22 à 33. Pierre a demandé au Seigneur : « Seigneur, si c’est toi, commande-moi d’aller à toi sur les eaux » et le Seigneur lui a dit : « Viens ». Cette parole a suffi ; avec foi, Pierre a quitté la nacelle et est allé « à Jésus », marchant « sur les eaux ». Nul ne peut marcher sur les eaux : il n’est pas un seul croyant qui ait en lui-même la force nécessaire pour marcher fidèlement dans ce monde, il faut une puissance qui n’est pas en nous, que le Seigneur seul peut donner et qu’Il donne en réponse à la foi. Pierre, dans cette première partie de la scène, est « gardé par la puissance de Dieu, par la foi », de sorte qu’il avance sans enfoncer. Tant qu’il fixe ses regards sur Jésus, seul objet de la foi, il peut marcher sur les eaux, dominant en quelque sorte les circonstances, glorifiant le Seigneur par sa foi. C’est ainsi que le croyant peut faire face à sa responsabilité !
3.2
Pierre enfonçant dans l’eau
Mais l’ennemi est à l’œuvre pour empêcher que de tels résultats soient produits ! — Il dirige les regards de Pierre vers un autre objet que Christ ; il lui fait voir « que le vent était fort... » Aussitôt, Pierre a peur et il commence à enfoncer ! Est-ce que la puissance du Seigneur avait changé ? Elle ne peut pas changer, elle est toujours la même ! Pourquoi donc Pierre marche-t-il sur les eaux dans la première partie de cette scène, tandis qu’il commence à enfoncer ensuite ? Parce que dans le premier cas, il avait foi en la parole du Seigneur, il croyait que le Seigneur était plus puissant que tous les éléments déchaînés, il avançait les veux fixés sur Lui. Tandis que dans le second, sa foi chancelle et Christ n’est plus l’objet vers lequel sont attirés ses regards.
3.3
Regarder à Christ
Ce n’est pas toujours en nous présentant l’agitation du monde, en remplissant nos cœurs de crainte et d’angoisse que l’ennemi détourne nos regards de Christ. Il se sert parfois des séductions du monde — il sait toujours opérer de façon à nous attirer le mieux possible, employant les moyens adaptés à l’état de chacun de nous, afin de nous conduire à enfoncer. Le premier stade du travail de l’adversaire est celui-ci : détacher nos cœurs de Christ en fixant nos yeux sur un autre objet ; quand il y a réussi, nous sommes une proie à sa merci : la puissance de Dieu ne s’exerce plus pour nous garder comme elle ne s’exerçait plus pour maintenir Pierre sur les eaux. Sans doute, il y a le cri de détresse du disciple et le secours du Seigneur qui étend la main pour le relever, alors qu’il commençait à enfoncer — image du service sacerdotal qui est le sien — mais il reste la douleur d’avoir enfoncé dans les eaux ! — Le Seigneur sait nous relever dans nos chutes ; cela n’excuse cependant aucune de nos chutes et ne doit jamais conduire un racheté à dire : si je tombe, qu’importe ! le Seigneur me relèvera.
4
Impuissance du croyant, puissance de Dieu — Dépendance
Nous avons vu qu’il n’est pas un seul croyant qui ait, en lui-même, la force nécessaire pour faire face à sa responsabilité. Par conséquent, le sentiment de notre responsabilité ne doit pas nous amener à penser que nous pouvons faire quelque chose par nous-mêmes ; nous serions alors occupés de nous-mêmes et cet état serait susceptible de produire dans une âme le désespoir et les angoisses de Romains 7. Le sentiment de notre responsabilité ne doit pas davantage nous conduire à rechercher l’accomplissement d’œuvres méritoires. Bien au contraire, il doit nous amener à réaliser notre complète impuissance et à nous rejeter sur la grâce et la puissance de Dieu. C’est alors que nous pourrons « marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne œuvre, et croissant par la connaissance de Dieu... » (Col. 1:10).
5
Christ, chef et consommateur de la foi
La ressource est là seulement, pour nous comme pour Pierre autrefois : fixer les yeux sur Jésus, nous attacher à Lui ! À cet égard, comme en toutes choses, Celui qui a été l’homme parfait sur la terre reste pour nous le vrai Modèle. Par l’Esprit prophétique, Il a pu dire : « Garde-moi, ô Dieu ! », faisant ainsi appel à la puissance divine pour le garder ici-bas comme homme. Lui ne peut pas méconnaître le côté de la responsabilité ; aussi, Il ajoute : « car je me confie en toi ». Sa confiance est entière ; sa foi s’attache à un objet sans cesse placé devant Lui : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi ». Il fait alors l’expérience de la puissance infinie de Celui qui le soutiendra et le gardera jusqu’au bout : « parce qu’il est à ma droite je ne serai pas ébranlé » (Ps. 16:1 et 8). Dans ce chemin, Il a été à la tête — « le chef », et Il a été jusqu’au bout — « le consommateur de la foi » (Héb. 12:2). Fixons les yeux sur Lui dans le lieu où Il est maintenant, en considérant ce qu’Il a été ici-bas.
Notre responsabilité est si grande que nous ne pourrions y faire face sans les immenses ressources divines. Que notre foi soit donc sans cesse en activité, cette foi qui nous attache à Christ, nous fait vivre de Lui, dirige nos regards vers Lui. Si elle manquait, nous ne pourrions pas compter sur la puissance divine pour nous préserver de chutes et nous aurions à connaître la puissance de l’adversaire. Dieu veuille nous épargner d’avoir à faire des expériences et d’apprendre des leçons dans des conditions qui nous laisseraient le souvenir de chutes humiliantes et la douleur d’avoir déshonoré le nom du Seigneur !
Paul FUZIER
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